Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Le Seigneur l’a livré entre nos mains.

— Et votre dessein est d’user de l’avantage que le ciel vous a accordé, pour déshonorer notre cause aux yeux de toute la nation,

— Si le château de Tillietudlem ne m’est pas rendu demain, répondit Burley, que je périsse s’il ne meurt du supplice que son chef Claverhouse, a fait subir à tant de saints du Seigneur.

— Nous avons pris les armes, dit Morton, pour mettre fin à ces cruautés, et non pour les imiter. Quelle loi peut justifier l’atrocité que vous voulez commettre ?

— Nous vivons sous une meilleure loi, dit le ministre. Elle nous ordonne de rendre le bien pour le mal.

— C’est-à-dire, répondit Burley, que ta vieillesse est d’accord avec la fougue de ce jeune homme pour me contrarier en cette occasion.

— Nous avons tous, répondit Poundtext, la même autorité que toi sur cette armée, et nous ne souffrirons pas que tu fasses tomber un cheveu de la tête du prisonnier,

— Quand on a appelé au conseil des gens comme toi, j’ai prévu que cela en viendrait là, s’écria Burley.

— Des gens comme moi ! Et qui suis-je donc pour que tu oses me parler ainsi ?

— Je vais te le dire, répliqua Burley, Tu es un de ces hommes qui veulent récolter où ils n’ont pas semé, partager les dépouilles sans avoir pris part au combat.

— Je te dirai aussi, John Balfour, qui tu es ! s’écria Poundtext. — Tu es un de ces hommes sans pitié, dont les intentions sanguinaires sont la honte de l’église ; un homme dont la violence et les cruautés empêcheront la Providence d’accorder à notre sainte entreprise le succès désiré.

— Messieurs, dit Morton, mettez fin à de tels discours ; et vous, Balfour, veuillez nous dire si votre intention est d’ordonner la mort de lord Evandale, tandis qu’au contraire sa mise en liberté nous paraît une mesure utile au bien général du pays.

— Vous êtes ici deux contre un, s’écria Burley ; mais je présume que vous ne refuserez pas d’attendre que le conseil entier soit réuni pour prendre une détermination sur cette affaire.

— Nous ne nous y refuserions pas, dit Morton, si nous pouvions avoir confiance en celui sous l’influence duquel il se trouve ; mais vous m’avez déjà trompé relativement à la situation du château.

— Va, repartit Burley d’un air de dédain, tu n’es qu’un jeune insensé qui, pour les yeux noirs d’une jeune fille, trahirais ta foi, ton honneur, la cause de ta patrie et celle de Dieu.