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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

tages réunis de la discipline et d’une excellente position. Ross et Claverhouse avaient placé des soldats dans toutes les maisons des rues par où l’ennemi devait passer pour arriver au cœur de la ville ; ils avaient formé plusieurs barricades, et, à mesure que les insurgés avançaient, leurs rangs étaient éclaircis par les décharges de mousqueterie. Morton et les autres chefs firent mille efforts et s’exposèrent bravement pour engager leurs troupes à surmonter ces obstacles, mais en vain ; ils les virent fléchir et reculer de toutes parts.

Morton fut un des derniers à se retirer ; il maintint l’ordre dans la retraite, parvint à rallier quelques fuyards avec lesquels il contint les détachements qui commençaient à les poursuivre. Cependant il eut le vif déplaisir d’entendre quelques-uns de ceux qui avaient fui les premiers dire que cet échec venait de ce qu’on avait mis à leur tête un jeune homme non éclairé d’inspirations célestes et imbu d’idées mondaines ; au lieu que si Burley les avait dirigés, ils auraient triomphé.

Dans l’enthousiasme de son émulation, Henry avait peine à contraindre sa colère en entendant de tels reproches ; mais il n’en sentit que mieux que, désormais engagé dans cette entreprise, il n’avait d’autre alternative que de vaincre ou de périr.

Il régnait si peu de discipline dans l’armée, que les chefs crurent prudent de s’éloigner à quelques milles de Glascow. Cet échec n’empêchait pourtant pas que de nombreux renforts ne leur arrivassent à chaque instant. La nouvelle du succès de Loudon-Hill électrisait tous les esprits, et celle de l’échec qu’on venait d’essuyer n’avait pas encore eu le temps de se répandre parmi ces nouvelles recrues : il y en eut plusieurs qui s’attachèrent à la division de Morton ; mais il voyait avec regret qu’il perdait tous les jours de son crédit sur ceux qui partageaient l’exagération fanatique des covenantaires. Ses sentiments de tolérance étaient appelés indifférence pour la cause d’en haut ; les sages précautions qu’il prenait pour la sûreté de l’armée étaient traitées de confiance impie dans les moyens humains ; enfin on lui préférait les chefs en qui un zèle aveugle suppléait aux connaissances militaires.

Morton supportait cependant le principal fardeau du commandement. Il eut à vaincre bien des obstacles ; cependant il fit de tels efforts, qu’il parvint en trois jours à remettre ses troupes sur pied.

On ne peut douter que Morton n’eût le plus grand désir de se mesurer personnellement avec Claverhouse, dont il avait reçu une si cruelle injure. Ce désir devait doubler son activité ; mais Claverhouse trompa son espoir ; car, satisfait d’avoir d’abord eu l’avantage, il ne voulut pas attendre que les presbytériens, plus forts