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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

tout d’épargner les jours du vieux major. Il continua ainsi sa marche, de buisson en buisson, de rocher en rocher, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la position qu’il voulait occuper : alors il put faire feu sur les défenseurs de la barricade. Aussitôt Burley, profitant de la confusion que son jeune collègue jetait parmi eux, les attaqua de front avec fureur, força la seconde palissade, les poussa jusqu’à la troisième, et y entra avec eux sa hache à la main, en criant à haute voix : — Tuez ! tuez ! point de quartier aux ennemis de Dieu ! le château est à nous. — Les plus intrépides de ses soldats, animés par ses cris, se précipitèrent à sa suite, tandis que les autres travaillaient à construite un abri dans la seconde barricade, pour s’y établir si le château n’était pas emporté par ce coup de main.

Lord Evandale ne put contenir plus longtemps son impatience : le bras en écharpe, il se mit à la tête de ce qui restait de troupes dans le château, et fit une sortie pour venir au secours de ses gens.

Le combat devint terrible. L’étroit passage était encombré par les hommes de Burley qui accouraient au secours des leurs ; les soldats d’Evandale combattaient vaillamment : pour eux, l’infériorité du nombre était balancée en partie par une grande habitude des armes, et par l’avantage de leur position. Ceux qui étaient dans l’intérieur faisaient feu toutes les fois qu’ils pouvaient viser sur les assaillants sans risquer d’atteindre leurs camarades. Les tireurs de Morton ne cessaient de leur répondre chaque fois qu’ils apercevaient un mouvement par les créneaux. Le château était enveloppé d’une fumée épaisse, et les rochers retentissaient des cris des combattants, Au milieu de cette scène de confusion, un singulier hasard faillit mettre les assiégeants en possession de Tillietudlem.

Cuddy Headrigg faisait partie des tireurs de Morton. Il n’existait pas aux environs du château un buisson ni une pointe de rocher qu’il ne connût parfaitement. Cent fois il avait été avec Jenny cueillir des noisettes dans les bois qui l’entouraient. Cuddy ne manquait pas de bravoure, mais ne se souciait pas de chercher le danger pour le plaisir de s’exposer. Lorsqu’il vit que du château on tirait sur la troupe dont il faisait partie, comme il se trouvait à l’arrière-garde, il tourna sur la gauche, suivi de trois ou quatre de ses compagnons, et pénétrant à travers un fourré, il arriva sous les murailles, du côté opposé à celui contre lequel on dirigeait l’attaque. On avait négligé de fortifier cette partie de la place, parce qu’elle paraissait suffisamment défendue par la nature. Il est certain qu’une armée n’aurait pu l’attaquer de ce côté, parce que quelques hommes auraient suffi pour précipiter au bas de la montagne les ennemis qui seraient parvenus jusqu’au sommet : mais on n’avait