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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

pour y découvrir un conventicule, vous en avez trouvé un aujourd’hui. — Écoutez le prêche du soir. Malheur à vous ! Le glaive est tiré, il vous atteindra malgré votre fuite.

Claverhouse avait autre chose à faire que de s’occuper des injures d’une vieille femme ; il gravissait à la hâte le sommet de la montagne, pressé de mettre ses hommes loin de la portée du feu. Mais au moment où l’arrière-garde arrivait sur le plateau, une balle frappa le cheval de lord Evandale, qui s’abattit sous lui. Deux des cavaliers whigs qui paraissaient les plus ardents à la poursuite doublèrent le pas pour le tuer ; mais Morton, obéissant à sa générosité naturelle, courut pour lui sauver la vie. Evandale était blessé ; à peine Henry l’avait-il aidé à se relever, que ces cavaliers survinrent, et l’un d’eux s’écriant : — Mort au tyran en habit rouge ! — lui adressa un coup d’épée.

Morton détourna le bras du whig, qui n’était autre que Burley lui-même. — Faites quartier à ce gentilhomme pour l’amour de Henry Morton, qui vous a naguère donné un asile, ajouta-t-il en voyant que Burley ne le reconnaissait pas.

— Henry Morton ? reprit Burley. N’avais-je pas dit que le fils de Silas Morton sortirait de la terre de servitude. Tu es un tison arraché au feu. — Mais, quant à cet apôtre de l’épiscopat, il doit mourir. C’est notre mission de n’épargner ni homme, ni femme, pas même l’enfant à la mamelle ; ainsi, ne retiens pas mon bras.

— Non, vous ne le tuerez point, surtout lorsqu’il est hors d’état de résister, s’écria Morton en se mettant entre Evandale et Burley. Il m’a sauvé la vie ce matin, la vie que je ne devais perdre que pour vous avoir donné asile.

Burley s’arrêta. — J’ai pitié de ta faiblesse et de ton aveuglement. Je donne la vie à ce jeune homme, si telle est aussi la volonté du grand conseil de l’armée de Dieu qui vient de nous accorder une faveur signalée. Tu es sans armes ; attends-moi ici : je t’y rejoindrai après avoir poursuivi les pêcheurs et détruit les Amalécites depuis Havilah jusqu’à Sur.

En parlant ainsi, il se remit à la poursuite des fuyards.

— Cuddy, s’écria Morton, arrêtez un de ces chevaux qui errent çà et là, et amenez-le à lord Evandale ! Sa vie ne serait pas en sûreté avec ces hommes. — Vous êtes blessé. Milord ; serez-vous en état de continuer votre retraite ?

— Je l’espère, répondit Evandale ; mais, est-il possible ? est-ce bien à M. Morton que je dois la vie ?

— Envers tout autre j’aurais agi de même, mais envers vous, je remplis un devoir sacré de reconnaissance.

Le bon Cuddy amenait un cheval. — Montez, Milord, et fuyez :