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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

gent, et qui emmèneraient le jeune homme prisonnier ; moi, j’ai une conscience, et si votre maître veut exécuter vos offres et s’obliger à représenter son neveu, et qu’ensuite toute la maison prête le serment du test

— Nous prêterons tous les serments que vous voudrez, s’écria Alison. — Dépêchez-vous, dit-elle tout bas à son maître, allez chercher l’argent, ou ils mettront le feu à la maison.

Le vieux Milnwood jeta un regard désespéré sur sa gouvernante, et sortit à pas lents.

Cependant Bothwell, prenant une attitude imposante, se préparait à faire prêter le serment dont il avait parlé. Il mit à cet acte à peu près la même dignité qu’on trouve aujourd’hui dans les bureaux des douanes de Sa Majesté. — Quel est votre nom, femme ?

— Alison Wilson, Monsieur.

— Bien. Vous, Alison Wilson, déclarez, certifiez et jurez solennellement que vous regardez comme illégal pour les sujets du roi, n’importe sous quel prétexte, de réforme ou autre, d’entrer dans aucune ligue ou covenant…

Ici la cérémonie fut interrompue par une dispute entre Cuddy et Mause, qui depuis quelque temps parlaient à demi-voix.

— Paix donc, ma mère, disait le premier, les voilà qui entrent en arrangement ; ils vont tomber d’accord.

— Je ne me tairai pas plus longtemps ! je parlerai sans réticence, je confondrai l’homme rouge lui-même ; et, par ma voix, M. Henry sera délivré.

— Allons ! dit Cuddy en s’arrachant les cheveux, la voilà qui a une jambe par-dessus la barrière : l’arrête qui pourra !

— Et voilà donc où vous voulez en venir ? s’écria Mause le visage enflammé de colère, en étendant vers Bothwell sa main ridée, car la seule mention du serment du test l’avait mise hors d’elle-même, en dépit de toute sa prudence et des avis de son fils. — Venez-vous donc ici avec vos serments du test, qui sont la mort des âmes, la séduction des saints, la confusion des consciences ?

— Oh ! oh ! bonne dame, dit le soldat, voilà un miracle de whig ! la vieille a retrouvé ses oreilles en même temps que sa langue, et je crois qu’elle veut nous rendre sourds à force de crier ! Taisez-vous, vieille idiote, et songez à qui vous parlez.

— À qui je parle ! Ce royaume d’affliction ne vous connaît que trop bien, pervers adhérents du prélatisme. Je parle au soutien de la mauvaise cause, à l’oiseau de proie qui se nourrit de nos cadavres.

— Sur mon âme, dit Bothwell, de ma vie je n’ai rien entendu de si beau ! Nous en donnerez-vous encore ?