Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
LES PURITAINS D’ÉCOSSE

au loin, annonça l’approche d’un corps de troupes. Prenant sa résolution : — C’est sans doute Claverhouse avec le reste du régiment, s’écria-t-il ; si vous continuez votre route, vous tomberez entre ses mains ; si vous retournez vers la ville, vous êtes exposés à rencontrer le cornette Grahame, Le sentier des montagnes est gardé. Je n’abandonnerai pas le sauveur de mon père dans un tel péril. Venez à Milnwood.

Burley avait écouté d’un air calme ces paroles du jeune Morton : il le suivit en silence.

Le château de Milnwood, bâti par le père de celui qui en était alors propriétaire, était digne des domaines dont il formait le centre ; mais comme celui-ci n’y avait jamais fait aucune réparation, il était en assez mauvais état. À quelque distance se trouvait la cour des écuries ; ce fut là que Morton s’arrêta.

— Il faut que je vous laisse ici un instant, jusqu’à ce que j’aie pu vous procurer un lit dans la maison, dit-il à son hôte.

— Qu’ai-je besoin d’un lit ? répliqua Burley ; depuis trente ans ma tête a plus souvent reposé sur la dure que sur le duvet. Un morceau de pain, un verre d’ale, de la paille pour me coucher, voilà ce qui vaut pour moi des lambris dorés et la table d’un roi.

Cette réponse fit penser à Morton qu’il ne pouvait l’introduire dans la maison sans mettre quelqu’un dans sa confidence, et que ce serait augmenter pour le fugitif le danger d’être découvert ; il le fit donc entrer dans l’écurie. — Je reviendrai dans quelques instants, dit-il, et je vous apporterai les rafraîchissements que je pourrai me procurer à une pareille heure.

Remplir sa promesse n’était pas pour Henry un léger embarras, car l’espoir d’obtenir à souper dépendait entièrement de l’humeur où il trouverait la seule personne en qui son oncle eût confiance, la vieille femme de charge. Si elle était couchée, son hôte se passerait de souper. Maudissant une sordide parcimonie, il s’avança vers la porte, et y frappa un coup bien modeste. La femme de charge tira le verrou et ouvrit la porte.

— Voilà une belle heure pour rentrer, monsieur et obliger les gens à vous attendre si tard hors de leur lit !

— Je vous remercie, Alison.

— Fi donc ! monsieur Henry, vous qui êtes si poli ! Tout le monde me nomme mistress Wilson.

— Eh bien, mistress Wilson, je suis vraiment fâché de vous avoir fait attendre si longtemps.

— Allons, prenez une chandelle, et allez vous coucher.

— Mais, Alison, j’ai besoin de manger un morceau et de boire un verre d’ale avant de me coucher.