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LE NAIN NOIR


Gens du pays fameux par ses gâteaux,
S’il est des trous à vos manteaux,
Cachez-les bien : votre compatriote
Vous observe, et de tout prend note.
Et puis, ma foi, le jour viendra
Où tout s’imprimera.

Burns.


CHAPITRE PREMIER

préliminaires
Berger, as-tu de la philosophie ?
Shakspeare. Comme il vous plaira.

Par une belle matinée d’avril (quoique la neige fût tombée abondamment pendant la nuit et que la terre restât couverte d’un manteau éblouissant de blancheur), deux voyageurs à cheval arrivèrent à l’auberge de Wallace. Le premier était un homme grand et robuste, vêtu d’une redingote grise ; une toile cirée couvrait son chapeau ; il tenait à la main un grand fouet garni en argent, et des bottes armées de gros éperons protégeaient ses jambes ; enfin il montait une grande jument baie au poil rude, dont une selle de campagne et une bride militaire à double mors un peu rouillé composaient le harnachement. Celui qui l’accompagnait paraissait être son domestique : il était porté par un poney gris, avait sur la tête un bonnet bleu, une grosse cravate autour du cou, et de longs bas bleus au lieu de bottes. Ses mains étaient noircies par le goudron, et il observait envers son compagnon un air de déférence. Ils entrèrent tous deux de front dans la cour, et la dernière phrase de leur entretien fut une exclamation : — Dieu nous soit en aide ! si ce temps-là dure, que deviendront les agneaux ? — Ces mots suffirent à mon hôte, qui s’avança pour prendre le cheval du principal voyageur et le tenir par la bride pendant que celui-ci