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CHAPITRE VI.

Le Maraudeur


Nous qui sommes les gardes du corps de la nuit, ne permettons pas qu’on nous appelle les voleurs de butin du jour. Soyons les forestiers de Diane, les gentilshommes de l’ombrage, les favoris de la lune.
.....(Henri IV, 1re partie.)
SHAKSPEARE.


Le solitaire avait passé dans l’enclos de son jardin le reste du jour où il avait eu une entrevue avec les jeunes dames. Le soir le trouva assis de nouveau sur sa pierre favorite. Le soleil, qui en se couchant au milieu des flots de nuages roulant les uns sur les autres, avait pris une teinte rouge, jetait un sombre éclat sur le Moor et colorait d’une teinte plus foncée le large contour des montagnes couvertes de bruyères qui entouraient cette affreuse solitude.

Le Nain contemplait les nuages, qui devenaient continuellement plus obscurs par l’effet des masses de vapeurs qui s’amoncelaient les unes sur les autres, et lorsqu’un rayon fort, mais d’un rouge sombre, du soleil qui était près de disparaître, vint tomber d’à-plomb sur la figure sauvage du solitaire, on aurait bien pu le prendre pour le démon de l’orage qui se préparait, ou pour quelque gnome sorti précipitamment des entrailles de la terre, à la vue des signes souterrains qui en annonçaient l’approche. Comme il était dans cette posture, ses regards sombres tournés