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Isabelle Vère

toires.

— Mais, reprit miss Vère, si votre père vous disait : Consentez, ou… ?

— Je courrais le risque de toutes les conséquences de son ou, fût-il le père le plus cruel dont les légendes fassent mention, pour remplir le blanc de l’alternative », répondit-elle sur le champ.

« Mais », dit miss Vère en insistant, « s’il vous menaçait d’une tante catholique, d’une abbesse et d’un cloître ?

— Alors, répondit miss Ilderson, je le menacerais d’un gendre protestant et serais charmée de trouver quelque occasion de lui désobéir en acquit de ma conscience. Et maintenant que Nancy est hors de portée de nous entendre, je vous dirai sérieusement que je pense que vous seriez excusable devant Dieu et devant les hommes, si vous refusiez de donner votre consentement à un mariage aussi absurde par tous les moyens en votre pouvoir. Un homme orgueilleux, caché, ambitieux, cabalant contre l’État, infâme par son avarice et sa cruauté, mauvais fils, mauvais frère, dur et inhumain envers ses parents… Ma chère Isabelle, plutôt la mort que de l’épouser !

— Faites en sorte que mon père ne sache pas que vous me donnez un semblable conseil, dit miss Vère, ou bien, ma chère Lucy, il faudrait dire adieu au château d’Ellieslaw.

— Je dirais adieu au château d’Ellieslaw de bon cœur, dit son amie, si je vous en voyais une fois dehors et placée sous l’égide d’un protecteur plus tendre et plus rempli de bonté que celui que la nature vous a donné. Ah ! si mon pauvre père jouissait de son ancienne santé, avec quel plaisir il vous aurait reçue et vous aurait donné un asile, jusqu’à ce que cette ridicule et cruelle persécution eût entièrement cessé.

— Ah ! plût à Dieu que cela fût, répondit Isabelle ; mais je crains que votre père, avec sa santé si faible, ne soit absolument hors d’état de me protéger con-