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Le Nain Noir

— Aussi certainement, continua le Nain, que tu es une femme… Une femme, ai-je dit ! j’aurais dû dire une dame… une belle dame. Vous m’avez demandé de vous dire la bonne aventure ; elle est toute simple. Courir sans cesse, pendant toute votre vie, après des folies qui ne valent pas la peine d’être poursuivies, et qui seront mises de côté à mesure que vous les aurez connues ; mais que l’on continue à poursuivre depuis l’enfance, qui est encore chancelante, jusqu’à la vieillesse, qui ne se soutient qu’au moyen de béquilles. Des joujoux et des amusements folâtres dans l’enfance, l’amour et ses absurdités dans la jeunesse, Spadille et Basto dans la vieillesse, se succéderont comme objets de sérieuse occupation ; des fleurs et des papillons au printemps ; des papillons et du coton de chardon dans l’été ; des feuilles flétries dans l’automne et dans l’hiver ; tout cela poursuivi, tout cela saisi, tout cela jeté loin de soi. Partez maintenant, je vous ai dit la bonne aventure.

— Tout cela saisi, cependant », répliqua en riant la jeune personne, qui était une cousine de miss Vère, c’est encore quelque chose. Nancy », continua-t-elle en se tournant vers la timide personne qui s’était approchée la première du Nain, « voulez-vous vous faire dire la bonne fortune.

— Non pas pour tout au monde », répondit-elle en se reculant ; ce qui a été dit me suffit.

— Eh bien donc ! » dit miss Ilderson en présentant de l’argent au Nain, « je veux payer ma bonne aventure comme si c’était un oracle qui eût parlé à une princesse.

— La vérité, dit le devin, ne saurait ni se vendre ni s’acheter », et il repoussa son offrande d’un air bourru et dédaigneux.

« Eh bien ! en ce cas, dit la dame, je garderai mon argent pour m’aider dans la course que j’ai à faire.

— Vous en aurez besoin, répondit le cynique. Sans argent, il est peu de personnes qui suivent un plan