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CHAPITRE V

Isabelle Vère.


Le rocher le plus glacé dans le désert le plus solitaire éprouve, dans sa stérilité, l’influence du printemps ; et à la rosée d’avril, ou au rayon du soleil de mai, sa mousse et son lichen se raniment et reverdissent : ainsi le cœur le plus complètement mort au plaisir s’attendrit en voyant les pleurs, se réjouit en voyant le sourire d’une femme.
BEAUMONT.


À mesure que la saison s’avançait, et le temps devenant plus doux, on voyait plus souvent le reclus assis sur la large pierre plate qui était au devant de sa hutte. Un jour, vers l’heure de midi, une compagnie de dames et de cavaliers, très-bien montés, et ayant une suite nombreuse, traversa la bruyère à quelque distance de son habitation. Des chiens, des faucons, des chevaux de main, augmentaient la foule, et l’air retentissait des cris des chasseurs et du son des cors. Le solitaire était au moment de rentrer dans sa cabane, à la vue d’une troupe aussi joyeuse, lorsque trois jeunes dames, suivies de leurs domestiques, et qui avaient fait un long circuit, après s’être détachées de la compagnie, afin de satisfaire leur curiosité par la vue du sage hère de Mucklestane-Moor, arrivèrent subitement devant lui avant qu’il eût pu effectuer son dessein. La première poussa un cri, et mit sa main devant les yeux, en voyant un objet d’une difformité aussi extraordinaire. La seconde, avec un ricanement hystérique, sous lequel elle cher-