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Le Nain Noir

Earnscliff, dit Hobbie, pour avoir construit un tabernacle pour le diable lui-même, et peut-être compromis nos propres âmes par-dessus le marché.

— Notre présence, répondit Earnscliff, ne fait qu’irriter sa frénésie, à ce qu’il paraît ; nous ferions mieux de nous retirer, et d’envoyer quelqu’un lui apporter des vivres et quelques objets de première nécessité. »

C’est ce qu’ils firent en effet. Le domestique qui fut envoyé trouva le nain travaillant encore à son mur, mais ne put en tirer une seule parole ; et comme il était imbu des superstitions du pays, il n’importuna pas longtemps cet être singulier de ses questions ou de ses avis, mais après avoir placé sur une pierre un peu éloignée les objets qu’il avait apportés, il les laissa à la disposition du misanthrope.

Le Nain continua chaque jour ses travaux avec une activité incroyable et qui paraissait presque surnaturelle. Il faisait souvent en un jour un ouvrage que l’on aurait cru être celui de deux hommes, et son édifice prit bientôt l’apparence des murs d’une hutte, qui, quoique très-petite, et construite seulement de pierres, de mottes de gazon sans mortier, offrait, attendu le volume extraordinaire des pierres employées, un air de solidité peu commune pour une cabane de dimension si petite et d’une construction si grossière. Earnscliff, attentif à tous ses mouvements, ne se fut pas plutôt aperçu du but auquel ils tendaient, qu’il fit porter un certain nombre de pièces de bois propres à une toiture, et qu’il fit déposer près de là, se proposant même d’envoyer le lendemain des ouvriers pour les mettre en place. Mais l’exécution de son dessein fut prévenue par le Nain, qui, dès le soir même, pendant la nuit et de bonne heure dans la matinée, avait travaillé avec tant d’ardeur et d’adresse qu’il avait presque complété l’arrangement des chevrons. Son second tra-