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Visite au solitaire

de son ensemble, et couvrait en partie ses traits, dont l’expression habituelle était celle d’une sombre et sinistre misanthropie.

Ce Nain remarquable tenait ses yeux silencieusement fixés sur les deux jeunes gens, et leur lançait des regards hargneux et irrités, lorsque Earnscliff, dans l’espoir de le ramener à une disposition d’esprit moins farouche, lui dit : « Vous avez là une tâche bien pénible, mon ami ; permettez-nous de vous aider. »

En conséquence, Elliot et lui, réunissant leurs efforts, placèrent la pierre sur le mur qui commençait à s’élever. Le Nain les surveillait avec l’œil d’un maître, et témoignait par ses gestes son mécontentement ou son impatience, en voyant le temps qu’ils mettaient à ajuster la pierre. Il en indiqua une seconde, et ils la placèrent aussi ; puis une troisième, une quatrième, et ils continuèrent à le satisfaire, non sans se fatiguer, car il leur indiquait, comme à dessein, les morceaux les plus lourds et les plus éloignés.

« Oh ! maintenant, l’ami », dit Elliot, voyant que le Nain déraisonnable en indiquait une autre plus grosse qu’aucune de celles qu’ils eussent remuées, « Earnscliff peut faire comme il voudra ; que vous soyez homme, ou tout autre chose de pire, le diable me torde les doigts si je vais me casser plus longtemps les reins à élever des pierres, comme un manœuvre, sans recevoir seulement un remercîment pour ma peine !

— Remercîment ! » s’écria le Nain avec un geste qui exprimait le plus profond mépris. « Tenez, prenez-le, et engraissez-vous avec. Prenez, et puisse-t-il fructifier autant avec vous qu’avec moi, et avec tout homme, tout reptile qui a entendu ce mot de la bouche de son semblable. Allons, hors d’ici ! ou travaillez, ou partez !

— Voilà une belle récompense que nous recevons,