Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
Le Nain Noir

— Et, réellement, quant à cela, continua Elliot, elle serait presque aussi tourmentée pour vous que pour moi. Mais croyez-vous véritablement qu’il n’y ait pas de la présomption à nous hasarder à aller là-bas ? nous n’avons pas de mission spéciale, vous savez.

— Si je pensais comme vous, Hobbie, je ne chercherais peut-être pas à m’occuper plus longtemps de cette affaire ; mais, comme je suis d’opinion que les visites surnaturelles, ou ont cessé tout à fait, ou sont devenues très-rares de nos jours, je veux approfondir une chose d’où dépend peut-être la vie d’un pauvre malheureux qui a perdu la raison.

— Ah ! ma foi, si vous pensez comme cela… » répliqua Hobbie d’un air de doute. « Et effectivement, il est certain que les fées elles-mêmes, je veux dire les bonnes voisines (car on dit qu’il ne faut pas les appeler fées), qui avaient coutume de venir le soir sur tous les tertres de verdure, ne se font pas voir de moitié aussi souvent qu’autrefois. Je ne puis pas affirmer en avoir jamais vu une ; seulement une fois j’en entendis une siffler dans la bruyère derrière moi, avec un son absolument semblable à celui du courlis. Mais mon père en a vu souvent, quand il revenait le soir de la foire, avec une goutte de vin dans la tête, le brave homme ! »

Earnscliff remarqua avec plaisir l’affaiblissement graduel de la superstition, en descendant d’une génération à l’autre, ainsi qu’on pouvait l’inférer de la dernière observation de Hobbie. Ils continuèrent à raisonner sur ce sujet, jusqu’au moment où ils arrivèrent en vue de la colonne qui a donné son nom à ce Moor.

« Sur ma foi, dit Hobbie, voilà cette créature qui se traîne encore là-bas. Mais il fait grand jour, vous avez votre fusil, et j’ai apporté mon bon couteau de chasse, je crois que nous pouvons nous approcher.

— Très-certainement, dit Earnscliff ; mais, au nom