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Le Nain Noir

s’occupaient singulièrement de toutes ces bizarreries de l’imagination.

« Ah ! non, je n’ai pas dit effrayé, répliqua Hobbie, j’ai voulu dire surpris, il n’y avait qu’un seul esprit, non plus ; Earnscliff, vous l’avez vu aussi bien que moi. »

Et il continua à raconter en détail, à sa manière, et sans trop d’exagération, la rencontre qu’ils avaient faite de l’être mystérieux à Mucklestane-Moor, et finit par dire qu’il ne pouvait conjecturer ce que ce pouvait être ; à moins que ce ne fut le grand Ennemi lui-même, ou quelqu’un des anciens Pegths, qui possédaient le pays autrefois.

— Un ancien Pegth ! s’écria la grand’mère ; non, non, que Dieu te préserve de mal, mon enfant ! Ce n’est pas un Pegth que cela… c’est l’Homme Brun des Marécages ! Ô malheureux temps ! Qu’est-ce que ces esprits ont à faire pour venir porter le trouble dans notre propre pays, maintenant que la tranquillité y est rétablie, ainsi que la bonne intelligence et le respect aux lois ? Oh ! que maudit soit-il ! il n’a jamais apporté rien de bon ni pour le pays ni pour les habitants. Mon défunt père m’a souvent dit qu’on l’avait aperçu l’année de la sanglante bataille de Marston-Moor, ensuite pendant les troubles de Montrose, et enfin avant la déroute de Dunbar. De mon temps, on l’a encore vu vers l’époque de l’affaire de Bothwell-Brigg, et on disait que le laird de Binarbuck, qui avait le don de seconde vue, eut un entretien avec lui quelque temps avant le débarquement d’Argyle. Mais, quant à cela, je ne puis en parler d’une manière bien précise ; c’était fort loin, dans l’ouest. Ô mes enfants ! jamais il ne lui est permis de revenir que dans des temps désastreux ; ainsi je recommande à chacun de vous d’avoir recours à celui qui peut vous protéger au jour du trouble et du malheur. »

Earnscliff prit alors la parole, et manifesta la