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L’apparition

même quelques-unes briller devant la maison. Hobbie en fit remarquer une, qui paraissait sortir dans la cour et se diriger vers quelques-uns des bâtiments qui l’entourent. « C’est Grâce, dit Hobbie ; elle ne viendra pas me recevoir à la porte, je vous en réponds ; mais elle n’en ira pas moins voir si l’on a préparé le souper de mes chiens, pauvres bêtes !

— Qui m’aime, aime mon chien, dit Earnscliff ; ah ! Hobbie, vous êtes un heureux mortel ! »

Cette observation fut accompagnée de quelque chose qui ressemblait à un soupir, qui ne parut pas échapper à l’oreille de son compagnon.

« Mais enfin, il peut y en avoir d’autres que moi ; oh ! j’ai vu miss Isabelle Vère tourner la tête pour regarder quelqu’un qui passait près d’elle, aux courses de Carlisle ! Qui sait la tournure que prennent les choses dans ce monde. »

Earnscliff prononça tout bas quelques mots qui eurent l’air d’une réponse, mais dont il ne fut pas facile de saisir le sens, et il est probable que le jeune laird lui-même ne fut pas fâché qu’elle demeurât enveloppée dans le doute et l’obscurité. Sur ces entrefaites, ils se trouvèrent au bas du vaste loaning, qui, par un sentier, côtoyant le pied de la colline ou du Heugh escarpé, les conduisit en face de la maison couverte de chaume, mais d’une apparence agréable.

Le seuil de la porte était déjà garni de figures joyeuses ; mais la vue d’un étranger émoussa la pointe de plus d’un trait de raillerie que l’on s’était préparé à lancer contre le manque de succès de Hobbie dans sa chasse au daim. Il y eut un moment de tumulte entre les trois jolies demoiselles, dont chacune s’efforçait de faire retomber sur l’autre le soin d’introduire l’étranger dans la maison, tandis qu’il était probable qu’il tardait à toutes de pouvoir s’esquiver pour aller faire quelques changements à leur toilette avant de se présenter devant lui dans un déshabillé qui n’était destiné que pour les yeux de leur frère.