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Le Nain Noir

tranquillité ; il est tout pour les anciennes coutumes de lever le bras et de frapper ; et il a à sa suite un nombre de jeunes gens vigoureux dont il soutient bien l’ardeur, et qui sont aussi pleins de malice que de jeunes poulains. Où il prend son argent, c’est ce que personne ne sait, mais il vit grandement, et dépense même au delà de ses revenus : néanmoins il paye bien. Ainsi, s’il arrive quelque soulèvement dans le pays, il est probable qu’il sera un des premiers à se joindre aux mécontents ; et bien sûrement, il n’oubliera pas ses anciennes querelles avec votre famille. Je soupçonne fort qu’il voudra faire quelque tentative contre la vieille tour d’Earnscliff.

— Eh bien ! Hobbie, s’il est assez mal avisé pour l’entreprendre, je ferai mes efforts pour défendre la vieille tour contre lui, comme mes ancêtres l’ont fait contre les siens pendant bien longtemps.

— Fort bien, très bien ! voilà parler comme un homme, dit le brave fermier ; et si les choses en viennent à ce point, vous n’avez qu’à dire à votre domestique de sonner la grosse cloche de la tour, et vous nous verrez, moi, mes deux frères et le petit Davie de Stenhouse, arriver auprès de vous avec tous ceux que nous aurons pu rassembler, en moins de temps qu’il n’en faut pour tirer une étincelle d’une pierre à fusil.

— Bien des remercîments, Hobbie ; mais j’espère que nous ne verrons pas de notre temps une guerre aussi dénaturée et aussi anti-chrétienne.

— Bah ! bah ! monsieur Patrick, répliqua Elliot, ce ne serait qu’un petit bout de guerre entre voisins : certainement le ciel et la terre savent d’ailleurs que, dans une contrée aussi sauvage, c’est la nature du pays et des habitants ; nous ne pouvons pas vivre tranquilles comme les gens de Londres, n’ayant pas autant à faire qu’eux ; c’est une chose impossible.

— En vérité, Hobbie, dit le laird, pour un homme qui croit si sérieusement que vous aux apparitions surnaturelles, je dois dire que vous parlez du ciel un