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Le Nain Noir

et maintenant j’en revêts une qui durera à jamais ». Les dimensions de la colonne et la grosseur des pierres étaient souvent citées comme preuves de la taille et de la grosseur extraordinaire des vieilles femmes et des oies dans les temps anciens, par ces louangeurs du temps passé, qui se plaisaient à maintenir l’opinion d’une dégénération graduelle dans le genre humain.

Tous ces détails se présentèrent à l’esprit de Hobbie à mesure qu’il traversait cet endroit sauvage. Il se rappela aussi que depuis la catastrophe tout être humain avait évité d’y passer, du moins à la nuit tombante, parce qu’on regardait ce lieu comme le repaire ordinaire des kelpys, ou spunkys et autres démons, qui avaient été autrefois les compagnons des assemblées diaboliques tenues par la sorcière, et qui même encore continuaient de s’y rendre, comme pour servir leur maîtresse métamorphosée. Le naturel courageux de Hobbie lutta néanmoins avec fermeté contre les sentiments de crainte qui semblaient vouloir s’introduire dans son âme. Il appela auprès de lui les deux gros lévriers qui avaient partagé avec lui les plaisirs de la chasse, et qui, comme il le disait lui-même, ne craignaient ni chiens ni diables ; il examina l’amorce de son fusil, et, comme le paysan bouffon dans Hallowe’en, il se mit à siffler l’air guerrier de Jock of the side[1], de la même manière qu’un général fait battre le tambour pour ranimer le courage chancelant de ses soldats.

Dans cette situation d’esprit, il fut charmé d’entendre quelqu’un derrière lui, qui, d’une voix amicale, se proposait comme compagnon de route. Il ralentit sa marche et fut bientôt joint par un jeune homme de sa connaissance, jouissant de quelque fortune dans le pays et qui comme lui venait de se livrer ce jour-là au même genre d’amusement.

  1. Jacques du Côté (A. M.)