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Le Miroir de ma Tante Marguerite

« Je pense qu’il ne faut pas que je vous questionne sur la conduite de cet Italien.

— En vérité, docteur, répondit lady Bothwell, je regarde ce qui s’est passé comme une confidence ; et quoique cet homme puisse être un fourbe, ayant été assez sottes pour le consulter, nous devons, il me semble, être assez honnêtes pour garder le secret.

Puisse être un fourbe ! Allons, répliqua le docteur, je suis charmé que Votre Seigneurie convienne de cette possibilité d’un homme venant d’Italie.

— Ce qui vient d’Italie, docteur, peut être aussi bon que ce qui vient de Hanovre[1] ; mais nous devons rester bons amis, et pour cela nous ne parlerons ni de whigs ni de torys.

— Eh bien », répondit le médecin en recevant ses honoraires et prenant son chapeau, « un carolus m’est aussi agréable qu’un guillaume. Mais je voudrais pourtant bien savoir pourquoi cette vieille lady Saint-Ringan et toute sa société mettent tant d’empressement à vanter ce charlatan étranger ?

— Vous feriez mieux de l’appeler jésuite. » À ces mots ils se séparèrent.

« La pauvre malade, dont les nerfs avaient éprouvé une forte secousse, se calma peu à peu ; elle combattit contre une espèce de stupeur, conséquences naturelles d’une terreur superstitieuse. Enfin l’affreuse vérité arriva de la Hollande, et réalisa ses terribles craintes.

« Ces nouvelles furent envoyées par le fameux lord Stair ; elles apprirent qu’un duel avait eu lieu entre sir Philippe et son frère le capitaine Falconer, capitaine dans l’armée scoto-hollandaise, et qu’il avait été tué. La cause de cette querelle rendait cet accident encore plus affreux. Il paraissait que sir

  1. C’est de là que vient la famille royale actuelle d’Angleterre, comme le Prétendant, fils de Jacques II et père de Charles-Edouard, venait d’Italie. A. M.