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Le Miroir de ma Tante Marguerite

— Vous ne pouvez rien me reprocher, milady ; vous avez cherché un homme qui est fort peu ambitieux d’un tel honneur ; il n’engage personne, ne répond qu’à ceux qui le questionnent et qui viennent le trouver. Après tout, vous n’avez appris qu’un peu plus tôt les mauvaises nouvelles que vous ne tarderez pas à connaître. J’entends votre domestique à la porte ; je ne veux pas retenir plus longtemps Vos Seigneuries. Le prochain courrier vous expliquera ce que vous avez déjà vu en partie. Si vous me permettez de vous donner un conseil, ne laissez pas sans précaution tomber entre les mains de madame votre sœur les lettres qui viendront du continent. »

« En prononçant ces mots, il souhaita le bonsoir à lady Bothwell, et, l’éclairant jusqu’au vestibule, il jeta un manteau sur son costume singulier ; puis, ouvrant la porte, il abandonna les deux dames aux soins de leur domestique.

« Lady Bothwell eut beaucoup de peine à conduire sa sœur jusqu’à leur voiture, quoiqu’elle ne fût qu’à vingt pas de là.

« Rentrées chez elles, on fut obligé de faire appeler le médecin ; c’était celui de la famille. Il tâta le pouls de la malade, et il dit en secouant la tête :

« Les nerfs de lady Forester ont éprouvé une forte secousse, je désire en savoir la cause. »

« Lady Bothwell avoua qu’elles avaient été voir l’enchanteur, et que lady Forester avait appris de mauvaises nouvelles concernant sir Philippe.

« Le coquin de charlatan ferait ma fortune s’il restait à Édimbourg, répondit le médecin : voici le septième cas nerveux que j’ai eu de sa façon, et tous causés par la terreur. »

« Il examina ensuite la potion que lady Bothwell avait apportée sans s’en douter. Il la goûta, trouva qu’elle convenait à l’état de la malade, et qu’elle rendrait inutile une course chez l’apothicaire.

« Il réfléchit un instant en regardant lady Bothwell d’une manière significative, et dit enfin :