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Le Miroir de ma Tante Marguerite

étaient déjà entrées. Elles y trouvèrent des vins, des essences et tout ce qui était nécessaire pour leur rendre des forces. Il leur offrit des chaises qu’elles acceptèrent en silence. Lady Forester surtout, plus affectée, donna des marques d’un violent désespoir, éleva les yeux au ciel, sans prononcer une parole, comme si elle voyait toujours le fatal tableau.

« Serait-ce une réalité ? » demanda lady Bothwell qui commençait à recouvrer ses sens.

« Je ne puis le certifier positivement, répondit Battisto d’Amiotti ; mais cela se passe ou vient de se passer depuis peu ; et c’est le dernier événement remarquable arrivé à sir Philippe. »

Lady Bothwell exprima alors son inquiétude sur sa sœur, dont les traits changés et l’apparente insensibilité rendaient impossible son retour chez elle à pied.

« J’ai tout prévu, répliqua le devin ; j’ai ordonné à votre domestique de faire venir votre équipage aussi près que possible de ma maison et autant que le permet la largeur de la rue. Ne craignez rien pour madame votre sœur. Lorsque vous serez retournées chez vous, donnez-lui cette potion calmante, et elle sera mieux demain. Peu de gens, ajouta le docteur d’un ton rêveur, « quittent ma maison en aussi bonne santé que lorsqu’ils y entrent : telles sont les conséquences de l’étude de l’avenir par des moyens mystérieux. Je vous laisse à penser ce que doit éprouver celui qui a le pouvoir de satisfaire une impardonnable curiosité. Adieu, mesdames, n’oubliez pas la potion.

— Je ne lui donnerai rien qui vienne de vous, répondit lady Bothwell au docteur. J’ai suffisamment apprécié votre art ; il est possible que vous nous empoisonniez toutes deux pour cacher vos sortilèges ; mais nous ne manquons pas de moyens ni d’amis pour venger les torts dont vous pourriez vous rendre coupables envers nous.