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La rencontre

l’objet qui nous occupe, de dire que toute l’Écosse fut indignée en apprenant les conditions auxquelles La législature avait sacrifié son indépendance nationale. Le ressentiment général produisit les ligues les plus étranges, les projets les plus extravagants. Les Caméroniens même parlaient de prendre les armes pour le rétablissement des Stuarts, qu’ils regardaient avec raison comme leurs oppresseurs, et les intrigues de cette époque présentaient l’étrange spectacle de papistes, d’épiscopaux et de presbytériens, cabalant entre eux contre le gouvernement anglais, tous animés d’un même sentiment, celui de croire que leur pays était la victime de l’injustice. La fermentation était universelle ; et, comme en général la population de l’Écosse avait été élevée au maniement des armes, par suite de l’acte de sécurité, elle se trouvait passablement préparée à la guerre, et n’attendait plus qu’à voir quelques membres de la noblesse se déclarer, pour se montrer ouvertement en état d’hostilité. C’est à cette époque de confusion générale que commence notre histoire.

Le cleugh, ou ravin sauvage, jusqu’au seuil duquel Hobbie Elliot avait poursuivi le gibier, était déjà loin derrière lui, et il était déjà fort avancé dans la route qui le ramenait à son habitation, lorsque la nuit commença à l’envelopper. Cette circonstance aurait été fort indifférente pour l’expérimenté chasseur qui aurait parcouru les yeux bandés chaque pouce de terrain dans des bruyères qui lui étaient si bien connues, si elle n’eût pas eu lieu près d’un endroit qui, selon les traditions du pays, était en fort mauvaise réputation, en ce qu’on le croyait le théâtre d’apparitions surnaturelles. Hobbie, dans son enfance, avait prêté une oreille attentive à des récits de cette espèce, et comme aucune autre partie du pays ne fournissait une aussi grande variété de légendes, il n’y avait personne qui fût aussi profondément versé dans la connaissance de toutes ces éton-