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Le Miroir de ma Tante Marguerite

et s’arrangèrent ensuite distinctement. Ce fut ainsi qu’après quelques changements de lumière et d’ombre sur la surface de cette glace extraordinaire, on vit se former de chaque côté du miroir une longue perspective d’arches et de colonnes, avec un plafond voûté. Enfin, après plusieurs oscillations, la vision entière prit une forme fixe et stationnaire, et représentant l’intérieur d’une église étrangère. Les colonnes étaient d’une grande beauté, ornées d’écussons ; les arches étaient majestueuses et magnifiques ; le pavé était couvert d’inscriptions funéraires ; mais on ne voyait aucune relique, point d’images, point de calice ni crucifix sur l’autel ; ce qui faisait nécessairement supposer que c’était une église protestante. Un ministre revêtu d’une robe de Genève et d’un rabat se tenait debout près de la table de la communion ; une Bible était ouverte devant lui, son clerc était derrière, et il semblait se préparer à procéder à quelque cérémonie de l’église à laquelle il appartenait.

« Enfin, une nombreuse société entra dans l’église ; elle paraissait former le cortège d’une noce, car un jeune homme et une jeune femme se tenaient par la main, marchaient les premiers, suivis d’un grand nombre de personnes des deux sexes parées d’une manière brillante et somptueuse. La mariée, dont on pouvait apercevoir distinctement les traits, pouvait avoir au plus seize ans et semblait d’une grande beauté ; le marié pendant quelques instants tournait la tête, ce qui empêchait qu’on ne vît sa figure ; mais l’élégance de sa taille et sa démarche frappèrent les deux sœurs d’étonnement ; il tourna soudain la tête, et leurs doutes furent cruellement expliqués. Elles virent dans le brillant marié qui était devant elles sir Philippe Forester. Lady Forester fit entendre une faible exclamation, qui parut mettre en mouvement toute la scène et sembla devoir rompre le charme.

« Je ne puis comparer ce spectacle », dit lady