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Le Miroir de ma Tante Marguerite

pour obtenir une certitude quelconque. Douce et timide dans toutes les circonstances ordinaires de la vie, l’état de son esprit la rendit énergique et pleine de hardiesse. Lady Bothwell ne fut pas peu surprise de l’entendre exprimer la résolution qu’elle avait prise de faire une visite à cet homme, pour qu’il lui fît connaître le sort de son mari. Lady Bothwell essaya de la convaincre de toute l’inconvenance d’une pareille démarche et de l’imposture de cet étranger.

« Il m’importe peu », dit la malheureuse femme abandonnée, « qu’on me blâme ou qu’on me trouve ridicule ; s’il y a une chance sur cent pour que je puisse avoir quelques renseignements sur le sort de mon mari, je ne manquerai pas de la tenter, au prix de tout ce que le monde pourrait m’offrir. »

« Lady Bothwell chercha ensuite à lui persuader qu’elle offensait Dieu en ayant recours à de tels moyens.

« Ma sœur, lui disait-elle, celui qui meurt de soif ne craint pas de se désaltérer même à une source empoisonnée ; celle qui souffre de l’incertitude doit chercher à en sortir, quand même les moyens qu’elle emploie sont défendus et viendraient de l’enfer. Je veux connaître mon sort ce soir ; le soleil qui se lèvera demain me verra, sinon plus heureuse, au moins plus résignée.

— Ma sœur, si vous êtes décidée à faire cette étrange démarche, répliqua lady Bothwell, vous n’irez pas seule. Si cet homme est un imposteur, vous seriez trop émue pour vous en apercevoir ; et s’il y a de la vérité dans ce qu’il pourrait dire, je ne voudrais pas que vous vous exposassiez seule à entendre quelque chose d’aussi extraordinaire. Je vous y accompagnerai si vous êtes toujours déterminée à y aller ; mais réfléchissez encore à ce parti, et puissiez-vous renoncer à un moyen coupable, et qui peut-être n’est pas sans danger. »