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Le Miroir de ma Tante Marguerite

exposer le vénérable personnage qu’elle recommande à ma protection sans mettre en péril l’honneur d’un individu appelé Philippe Forester, avec lequel je suis lié depuis trente ans, et quoiqu’on le regarde généralement comme petit-maître, je ne veux pas m’en séparer.

— Pardon, sir Philippe, vous êtes le meilleur juge de vos affaires ; et j’ai peu le droit de m’en mêler : d’ailleurs, vous n’êtes pas encore mon mari.

— Que Dieu m’en préserve ! » répondit vivement sir Philippe, ajoutant cependant, « que Dieu me préserve de vouloir priver mon ami sir Geoffroy d’un pareil trésor.

— Mais vous êtes le mari de ma sœur, ajouta lady Bothwell, et il me semble que vous ne pouvez ignorer tout le chagrin que votre absence va lui causer.

— Puisque j’en entends parler du matin au soir, répliqua sir Philippe, je dois certainement en savoir quelque chose.

— Je ne prétends pas riposter à cette saillie spirituelle, sir Philippe ; mais vous devez savoir que tout son chagrin vient des craintes qu’elle éprouve pour vous, pour les dangers que vous allez courir.

— S’il en est ainsi, je suis au moins surpris que lady Bothwell témoigne tant d’intérêt à un individu qui en est si peu digne.

— L’intérêt que je porte à ma sœur explique le désir que j’ai d’apprendre vos intentions, sir Philippe ; je suis bien persuadée que vous pouvez vous passer du mien ; la sûreté de mon frère m’occupe aussi.

— Vous voulez parler du major Falconer, votre frère du côté maternel ; quelle part peut-il avoir dans cette agréable conversation ?

— Vous avez eu quelques mots ensemble, sir Philippe.

— Tout naturellement : nous sommes parents, et comme tels nous avons eu des affaires à régler.