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Le Miroir de ma Tante Marguerite

de le blâmer de quitter sa famille. Par cette condescendance, il se rendait d’ailleurs agréable à lady Bothwell, pour qui il avait un certain respect ; car elle était la seule personne qui osât lui parler avec franchise et sévérité, sans redouter sa raillerie ou le prestige attaché à sa réputation.

« Quelques jours avant le départ de sir Philippe, lady Bothwell prit la liberté de lui faire, en présence de sa sœur, une question directe que sa femme, n’avait jamais osé lui adresser, quoiqu’en ayant le plus grand désir.

— Je vous prie, sir Philippe, de nous dire quelle route vous prendrez lorsque vous serez sur le continent.

— J’irai de Leith à Helvoet, par le paquebot qui porte les dépêches.

— Cela s’entend », répliqua froidement lady Bothwell ; « mais vous ne comptez pas rester longtemps à Helvoet, je pense, et je désire savoir vers quel point vous vous dirigerez ensuite.

— Vous me demandez, répondit sir Philippe, ce que je ne sais pas encore moi-même ; cela dépend des hasards de la guerre. J’irai au quartier général probablement ; là je présenterai mes lettres de recommandation ; j’apprendrai autant de l’art militaire qu’il sera nécessaire pour un amateur comme moi ; je me lancerai dans la carrière des armes, et peut-être chercherai-je à voir ce que c’est qu’une bataille, comme les gazettes nous en entretiennent.

— J’espère, sir Philippe, que vous vous rappellerez que vous avez femme et enfant ; et que malgré votre goût pour la carrière militaire, vous éviterez un danger inutile et ne vous aventurerez pas comme un soldat.

— Lady Bothwell me fait trop d’honneur en daignant prendre tant d’intérêt à ma conservation ; mais, pour dissiper cette crainte si flatteuse pour moi, je la prie de se rappeler que je ne pourrais