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Le Miroir de ma Tante Marguerite.




PRÉLIMINAIRE.


Il est des temps où l’imagination s’égare en dépit même de la surveillance de nos sens, où les corps semblent des ombres, et les ombres des corps ; où le mur solide et élevé qui sépare le domaine de la réalité de celui de la fable semble renversé, comme si l’œil d’un mortel pouvait voir au-delà des limites du monde existant. Eh bien ! je préfère ces rêves aux ombres légères, à toutes les réalités matérielles de la vie…
ANONYME.


Ma tante Marguerite était de cette respectable congrégation de vieilles filles à laquelle échoient en partage les peines et les douleurs attachées à la possession des enfants, excepté cependant celle de les mettre au monde.

Notre famille était nombreuse et composée d’enfants de caractères très opposés. Quelques-uns étaient stupides et bourrus ; on les envoyait à la tante Marguerite afin qu’elle les amusât. D’autres étaient grossiers et bruyants, on les envoyait à la tante Marguerite pour qu’elle les fît rester tranquilles et qu’ils ne troublassent pas la paix de la maison paternelle ; ceux qui étaient malades lui étaient envoyés pour être soignés, et ceux qui étaient