Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
Le Nain Noir

— Ma foi ! Mareschal-Wells, je suis venu seulement ici avec une vingtaine ou une trentaine de mes camarades, en mon propre nom, et en celui du roi ou de la reine, comme on voudra l’appeler, et de Cunny Elshie, par-dessus le marché, pour maintenir la paix et payer Ellieslaw des mauvais traitements qu’il m’a fait essuyer. C’est un fameux déjeuner que les brigands m’ont donné l’autre jour, et il y était pour quelque chose. Pensez-vous que je ne fusse pas prêt à lui donner un souper, à mon tour ?… Il est inutile que vous mettiez l’épée à la main, messieurs ; le château est à nous, sans que nous ayons eu besoin de faire beaucoup de bruit ; car les portes étaient ouvertes, et vos convives avaient bu une bonne quantité de punch ; nous les avons dépouillés de leurs épées et de leurs pistolets aussi facilement que nous aurions écossé des pois. »

Mareschal sortit précipitamment et rentra presque aussitôt dans la chapelle.

« De par le ciel ! c’est la vérité, sir Frédéric, dit-il ; la maison est remplie d’hommes d’armes, et nos ivrognes sont tous désarmés. Allons, messieurs, l’épée à la main, c’est le seul moyen de nous en tirer.

— Doucement, doucement ! pas de coups de tête ! s’écria Hobbie ; écoutez, écoutez un instant. Nous ne voulons vous faire aucun mal ; mais, comme vous êtes en armes pour le roi Jacques, ainsi que vous l’appelez, et pour les prélats, nous avons jugé à propos de continuer la guerre contre notre vieux voisin, et de soutenir notre autre souverain et l’Église ; mais nous ne toucherons pas à un cheveu de vos têtes, si vous voulez vous retirer tranquillement chez vous. C’est le meilleur parti que vous puissiez prendre ; car nous recevons de Londres la nouvelle certaine que Bang, ou Byng, comment l’appelle-t-on ? a repoussé de la côte la flotte anglaise et le nouveau roi ; ainsi vous ferez mieux de vous contenter de notre vieille Nancy (Anne), faute d’une meilleure reine. »