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Surprise

— Elle va te dire elle-même, incorrigible étourdi que tu es, qui te mêles de choses qui ne te regardent point, dit M. Vère, elle va te dire elle-même qu’elle désire que la cérémonie ait lieu… Est-ce vrai, Isabelle, ma chère enfant ?

— C’est vrai », répondit-elle, pouvant à peine se soutenir, « puisque je n’ai de secours à attendre ni de Dieu ni des hommes. »

Il n’y eut que le premier mot qui fut entendu bien distinctement. Mareschal leva les épaules et se retira en arrière. Ellieslaw conduisit, ou plutôt soutint sa fille jusqu’à l’autel. Sir Frédéric s’avança et se plaça à côté d’elle. Le prêtre ouvrit le livre de prières et regarda Ellieslaw, attendant le signal pour commencer la cérémonie.

« Commencez », dit M. Vère.

Mais une voix qui semblait sortir du tombeau de sa défunte épouse prononça d’un ton si fort et si aigre ce mot : « Arrêtez ! » que tous les échos de la chapelle en furent réveillés.

Chacun resta muet et immobile, jusqu’à ce qu’un bruit sourd, un cliquetis d’armes, ou quelque chose qui y ressemblait, se fit entendre dans les appartements du château, même les plus éloignés. Ce bruit cessa presque, au même instant.

« Que signifie ce nouveau stratagème ? » demanda sir Frédéric d’un ton farouche, en lançant sur Ellieslaw et Mareschal un coup d’œil qui exprimait le plus violent soupçon.

« Ce ne peut être qu’un trait de gaieté de la part de quelque convive échauffé par le vin », dit Ellieslaw, quoique vivement déconcerté ; « nous devons avoir beaucoup d’indulgence pour ceux qui se sont un peu trop livrés au plaisir en ce jour de fête. Commencez la cérémonie. »

Mais, avant que le prêtre pût obéir, la même défense qui s’était fait entendre auparavant se renouvela, et semblait sortir du même endroit. Les