Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
Le Nain Noir

a été dérangé pour accélérer les préparatifs de ce joyeux événement, au moment où il venait de réussir à déboucher sa troisième bouteille. J’espère que vous le mettrez à l’abri de la censure de ses supérieurs, car je crois fort que cette heure-ci n’est pas très-canonique. Mais voici Ellieslaw, avec ma jolie cousine… plus jolie que jamais, je crois, si ce n’est qu’elle parait bien faible, et bien pâle… Écoutez, sire chevalier, si elle ne dit pas oui de son bon et plein gré, il n’y a pas de mariage, en dépit de tout ce qui a été dit et fait.

— Pas de mariage, monsieur ? » dit sir Frédéric d’un ton qui n’était pas très-élevé, mais qui indiquait qu’il avait peine à retenir sa colère.

« Non, point de mariage, répliqua Mareschal, j’en donne ma main et mon gant pour gage. »

Sir Frédéric Langley lui saisit la main, la serra fortement, et lui dit à voix baisse : « Mareschal, vous me rendrez raison. » Puis il repoussa sa main loin de lui.

« Très-volontiers, car jamais mes lèvres n’ont laissé échapper un mot que mon bras n’ait été prêt à soutenir. Parlez hardiment, ma jolie cousine, et dites-moi si c’est de votre entière volonté, et sans aucune contrainte que vous accepter ce vaillant chevalier pour votre seigneur et époux ; car si vous avez la dixième partie d’un scrupule à cet égard, quelque chose qu’il en arrive, il ne vous aura pas.

— Êtes-vous fou, monsieur Mareschal », lui dit Ellieslaw, qui, ayant été son tuteur pendant sa minorité, prenait souvent un ton d’autorité avec lui ; « pouvez-vous supposer que je voulusse conduire ma fille à l’autel contre son gré ?

— Laissez donc, Ellieslaw, ne me parlez pas du contraire ; ses yeux sont pleins de larmes, et ses joues plus pâles que ses vêtements blancs. Je dois insister, au nom de l’humanité, pour que la cérémonie soit différée jusqu’à demain.