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Le Nain Noir

En ce moment un coup de sifflet aigu se fit entendre le long de la bruyère,

« Écoutez, dit Ratcliffe ; il m’appelle. Retournez au château, miss, ne tirez pas le verrou de la porte de derrière du jardin ; quant à celle qui communique avec l’escalier dérobé, j’ai une clef particulière. »

Un second coup de sifflet se fit entendre, plus aigu et plus prolongé que le premier.

« J’y vais, j’y vais », et donnant de l’éperon à son cheval, il se dirigea vers la cabane du reclus. Miss Vère retourna au château, où la vitesse de l’animal qu’elle montait et l’inquiétude de son esprit contribuèrent à la faire arriver promptement.

Elle suivit les instructions de Ratcliffe, sans trop en comprendre le but, et laissant son cheval paître en liberté dans un enclos près du jardin, se hâta de regagner son appartement, ce qu’elle fit sans avoir été observée ; elle retira les verroux de sa porte et sonna pour demander de la lumière. Son père parut avec le domestique qui avait répondu à l’appel.

« Il était venu écouter à la porte, dit-il, deux fois pendant les deux heures qui s’étaient écoulées depuis qu’il l’avait quittée, et ne l’entendant point parler, il avait craint qu’elle ne fût incommodée.

— Maintenant, mon cher père, permettez que je réclame l’exécution de la promesse que vous avez eu la bonté de me faire, je désire ne pas être interrompue pendant les derniers moments qui me restent à jouir de ma liberté, et vous prie de prolonger jusqu’au dernier instant le répit qui m’est accordé.

— Volontiers, ma fille ; vous ne serez plus interrompue. Mais cette parure en désordre… ces cheveux qui sont tout dérangés ; que je ne vous trouve pas ainsi, lorsque je reviendrai ; le sacrifice, pour être méritoire, doit être volontaire ?

— Le faut-il ? eh bien ! soyez tranquille, mon père, la victime sera parée. »