Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
Entretien et promesses

sant. Vous ne le voudriez point ; vous ne l’oseriez point.

— Tu dis vrai, jeune fille, je n’oserais… je ne le voudrais point, Retourne dans ta demeure. Ne crains rien de ce dont tu es menacée. Tu as demandé ma protection ; tu la trouveras efficace.

— Mais, monsieur, dit Isabelle, c’est ce soir même qu’il faut que je consente à épouser l’homme que j’abhorre, sans quoi la ruine de mon père est inévitable.

— Ce soir ? À quelle heure ?

— Avant minuit.

— Et le crépuscule est déjà fini. Mais ne crains rien ; j’aurai encore assez de temps pour te protéger.

— Et mon père ? » demanda Isabelle d’un ton suppliant.

« Ton père a été et est encore mon plus cruel ennemi. Mais ne crains rien, ta vertu le sauvera. Maintenant, pars ; si je te gardais plus longtemps auprès de moi, je retomberais peut-être dans ces rêves absurdes sur la vertu de l’homme, dont j’ai été réveillé d’une manière aussi affreuse. Mais ne crains rien. C’est au pied de l’autel même que je veux te délivrer. Adieu, le temps presse, et il faut que j’agisse. »

Il la conduisit à la porte de sa hutte, qu’il ouvrit pour la laisser sortir. Elle remonta sur son cheval qu’elle trouva paissant dans l’enclos extérieur, et se hâta, à la faveur de la clarté de la lune, qui se levait en ce moment, d’aller rejoindre Ratcliffe à l’endroit où elle l’avait laissé.

« Avez-vous réussi ? » demanda-t-il avec empressement.

« J’ai obtenu des promesses de celui vers qui vous m’avez envoyée, répondit Isabelle ; mais comment est-il possible qu’il les remplisse ?

— Que Dieu soit loué ! ne doutez pas qu’il n’ait le pouvoir de les remplir. »