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Entretien et promesses

toutefois, se souvenant des avis de Ratcliffe, elle s’efforça de cacher toute apparence de crainte. La lumière de la lampe était faible et vacillante, mais le solitaire, sans s’occuper immédiatement d’Isabelle autrement qu’en lui faisant signe de se placer sur un petit siège à côté de la cheminée, se hâta d’allumer quelques branches sèches, qui bientôt répandirent la clarté dans la chambre. Des planches qui soutenaient quelques livres, des paquets de plantes séchées et une ou deux coupes et écuelles de bois, étaient d’un côté de la cheminée ; de l’autre, on voyait quelques instruments de jardinage, mêlés avec des outils employés dans les arts mécaniques. À l’endroit où aurait dû être le lit, il y avait un cadre en bois sur lequel on avait étendu de la mousse sèche et des joncs, lit de repos de l’ascétique. Toute l’étendue de la cabane n’excédait pas dix pieds sur six en dedans des murs, et il n’y avait d’autres meubles, outre, ceux dont nous avons parlé, qu’une table et deux tabourets formés de planches brutes.

C’est dans cette enceinte étroite qu’Isabelle se trouvait maintenant enfermée avec un être dont l’histoire n’avait rien de rassurant pour elle, et dont la conformation horrible et la figure hideuse inspiraient une terreur presque superstitieuse. Il occupait un siège vis-à-vis d’elle, et baissant ses énormes sourcils touffus sur ses yeux noirs et perçants, il la regardait en silence, comme s’il eût été agité par une foule de sentiments opposés. De l’autre côté était Isabelle, pâle comme la mort, les boucles de ses longs cheveux défaites par l’humidité de la nuit, et tombant sur ses épaules et sur son sein, comme les banderoles mouillées retombent le long du mât, lorsque la tempête est passée et a laissé le navire échoué sur la plage. Le Nain rompit le premier le silence par cette brusque, soudaine et alarmante question : « Femme, quel mauvais destin t’a amenée ici ?