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CHAPITRE XVI

Entretien et promesses.


C’est le temps, ce sont les chagrins qui l’ont rendu tel. Le temps, de sa main favorable, lui rendant la fortune qu’il avait autrefois, peut en faire le même homme qu’il était alors. Conduisez-nous vers lui : il en arrivera ce qui pourra.
(Vieille Comédie.)


Le son de la voix de Ratcliffe avait cessé de frapper l’oreille d’Isabelle ; mais comme elle regardait souvent derrière elle, elle trouvait une sorte de consolation à distinguer sa personne qui peu à peu se perdait dans l’obscurité. Avant qu’elle fût bien loin cependant elle cessa totalement de l’apercevoir. À la dernière lueur du crépuscule, elle se trouva devant la hutte du solitaire. Deux fois elle étendit la main vers la porte, et deux fois elle la retira, Lorsqu’enfin elle parvint à faire l’effort, le coup qu’elle donna n’égala pas en violence la palpitation de son cœur. Celui qui suivit fut plus fort, et elle en frappa un troisième ; car la crainte de ne pas obtenir la protection sur laquelle Ratcliffe fondait les plus grandes espérances commençait à surmonter la terreur que lui inspirait l’idée de la présence de celui de qui elle devait l’implorer. À la fin, ne recevant encore aucune réponse, elle appela à plusieurs reprises le Nain par le nom qu’il avait pris, le suppliant de lui répondre et de lui ouvrir la porte.