Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
Visite nocturne

et bien moins encore sur le vôtre. Je vous jure que cet être, qui est tout autre que ce qu’il paraît, possède réellement les moyens d’empêcher cet odieux mariage.

— Et d’assurer les jours de mon père ? demanda Isabelle.

— Oui, même cela, répondit Ratcliffe, si vous plaidez sa cause auprès de lui… Mais cependant comment obtenir d’être reçue par le Reclus ?

— Que cela ne vous inquiète pas », dit miss Vère, se rappelant tout à coup l’aventure de la rose ; « je me souviens qu’il m’a engagée à aller réclamer son secours dans mon extrême détresse, et il m’a donné cette fleur pour gage de la sincérité de ses paroles. Avant qu’elle soit fanée, m’a-t-il dit, vous aurez besoin de mon assistance. Est-il possible que ses discours aient été autre chose que le délire d’un esprit en démence ?

— N’en doutez pas… Ne le craignez pas… Mais surtout, dit Ratcliffe, ne perdons pas de temps… Êtes-vous libre ? êtes-vous à l’abri des surveillants ?

— Je le crois, dit Isabelle ; mais que voulez-vous que je fasse ?

— Que vous sortiez du château à l’instant, répondit Ratcliffe ; que vous alliez vous jeter aux pieds de cet homme extraordinaire, qui, dans un état qui semble annoncer l’excès de la pauvreté la plus abjecte, a néanmoins une influence presque absolue sur votre destinée. Les convives et les domestiques sont plongés dans la débauche ; les, chefs sont en grande conférence sur leurs plans de trahison ; mon cheval est prêt dans l’écurie ; je vais en seller un autre pour vous, et vous attendrai à la petite porte du jardin. Oh ! qu’aucun doute sur ma prudence et ma fidélité ne vous empêche de faire la seule démarche qui soit en votre pouvoir pour vous soustraire au sort affreux qui ne peut manquer d’accabler l’épouse de sir Frédéric Langley !