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Préliminaire

Noir, ou je serais bien trompé ; tout le monde fait des histoires sur son compte, mais ce ne sont que des folies après tout, et quant à moi, je n’en crois pas un seul mot.

— Votre père y croyait pourtant bien fermement, dit le vieux berger, évidemment choqué du scepticisme de son maître.

« Oui, sans doute, Bauldie, répliqua celui-ci ; mais c’était du temps des noirauds (des faces noires), on croyait alors à de bien drôles de choses : mais depuis que les longs moutons sont venus, personne n’y ajoute plus foi.

— Tant pis, tant pis, dit le vieillard. Votre père, et je vous l’ai dit souvent, maître, aurait été furieusement contrarié s’il avait vu sa vieille maison de tourbe démolie pour faire des barrières autour du parc ; et le joli tertre couvert de genêts, où, enveloppé de son plaid, il prenait tant de plaisir à s’asseoir à la fin de la journée, regardant les vaches descendre le loanning ; il n’aurait pas du tout aimé à voir ce charmant tertre, qui était si bien exposé, bouleversé par la charrue comme il l’est à présent.

— Allons, Bauldie, prends ce petit verre qui t’est offert par l’hôte, dit le fermier, et ne te tourmente pas, tant que pour ton compte tu n’auras pas à te plaindre des changements qui ont lieu dans ce monde.

— À votre santé, messieurs, » dit le berger ; puis ayant vidé son verre et fait l’observation que le whisky était de bonne qualité, il continua : « Ce n’est pas à des gens tels que nous qu’il appartient de juger, assurément ; mais néanmoins, indépendamment de la beauté de ce tertre couvert de genêts c’était aussi un excellent abri pour les agneaux dans une matinée froide comme celle-ci.

— Oui, dit son patron ; mais vous savez qu’il nous faut des navets pour les brebis à longues jambes, et que pour les avoir, il nous faut fièrement travailler