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CHAPITRE XIV

La fiancée par contrainte.


Il amène le comte Osmond pour recevoir mas vœux. Ô changement épouvantable ! à la place de Tancrède, l’orgueilleux Osmond !
TANCREDE ET SIGISMONDE.


M. Vère, à qui une longue pratique dans l’art de la dissimulation avait donné le pouvoir de composer son air, ses manières et jusqu’à sa démarche, pour favoriser ses projets de déception, s’avança le long de la galerie de pierre et monta la première rampe de l’escalier qui conduisait à l’appartement d’Isabelle, du pas alerte, ferme et décidé de l’homme qui est occupé d’une affaire importante, à la vérité, mais dont il ne doute nullement qu’il ne vienne à bout. Mais, lorsqu’il fut hors de portée d’être entendu des personnes qu’il venait de quitter, sa marche devint plus lente et plus irrésolue, comme étant en harmonie avec ses incertitudes et ses craintes. À la fin, il s’arrêta dans une antichambre, pour recueillir ses idées et former son plan de raisonnement avant de se présenter chez sa fille.

« Vit-on jamais un père infortuné se trouver dans une alternative plus affreuse et plus embarrassante ! « Telles furent ses premières réflexions. « Si nos projets échouent par suite de notre désunion, il n’est