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Banquet des conspirateurs.

adopter pour en obtenir la réforme. Je puis aisément supposer qu’une grande partie de ce qui a été dit était l’effet de la chaleur du moment, ou peut-être avec l’intention d’en faire une plaisanterie. Mais il y a des plaisanteries qui sont de nature à avoir des conséquences au dehors, et vous devez vous rappeler, messieurs, que les murs ont des oreilles.

— Les murs peuvent avoir des oreilles ? » répliqua Ellieslaw en le regardant d’un, air de malignité triomphante ; « mais les espions domestiques, monsieur Ratcliffe, se trouveront bientôt sans en avoir, si quelqu’un d’eux ose continuer plus longtemps son séjour dans une famille, où son arrivée a été une intrusion non autorisée, sa conduite celle, d’un homme présomptueux qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, et d’où sa sortie sera celle d’un varlet désappointé, s’il ne sait point profiter de l’avertissement qu’on lui donne.

— Monsieur Vère », répondit Ratcliffe avec un sang-froid dédaigneux, « je sais parfaitement que, du moment que ma présence vous sera inutile, ce qui doit nécessairement arriver par suite de la démarche imprudente que vous vous proposez de faire, elle deviendra aussi dangereuse pour moi qu’elle a toujours été odieuse pour vous. Mais j’ai une protection, et elle est puissante ; et vous ne seriez sans doute pas bien aise de m’entendre détailler devant ces messieurs, devant des hommes d’honneur, les circonstances particulières qui furent le principe de nos liaisons. Au reste, je suis charmé d’en voir la fin ; et comme je pense que M. Mareschal et quelques autres messieurs voudront bien me garantir pour cette nuit surtout mes oreilles et ma gorge, pour laquelle j’ai plus de raison de craindre, je ne quitterai votre château que demain matin.

— Soit, monsieur, répliqua M. Vère ; vous êtes parfaitement en sûreté, parce que vous êtes au-