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Le Nain Noir

— Pour l’amour de Dieu, Mareschal ! dit Ellieslaw, faites-nous grâce de vos folies en ce moment.

— Eh bien donc, dit son cousin, je vais vous donner ma sagesse, telle qu’elle est. Puisque nous nous sommes avancés comme des fous, nous ne pouvons pas reculer comme des lâches. Nous avons assez fait pour attirer sur nous les soupçons et la vengeance du gouvernement, ne discontinuons pas jusqu’à ce que nous ayons fait quelque chose pour la mériter… Quoi ! personne ne parle ? Alors je franchirai le pas le premier. » Aussitôt il se leva, prit un verre à bière, qu’il remplit entièrement de vin de Bordeaux, et, faisant signe de la main, commanda que tout le monde se levât et suivît son exemple. Tous obéirent, les grands personnages d’une manière à peu près passive, et les autres avec enthousiasme. « Eh bien, mes amis ! dit-il, je vais vous donner le toast du jour : À l’indépendance de l’Écosse, et à la santé de notre légitime souverain, le roi Jacques VIII, maintenant débarqué dans le Lothian, et sans doute en pleine possession de son ancienne capitale ! »

Il vida son verre et Le jeta par-dessus sa tête.

« Au moins il ne sera jamais profané par une santé moins précieuse », ajouta-t-il.

Tous suivirent son exemple, et au milieu du choc des verres et des applaudissements de la compagnie, prirent l’engagement de rester fidèles aux principes et aux intérêts que le toast avait exprimés.

« Vous avez sauté le fossé, ma foi ! » dit Ellieslaw à part à Mareschal ; « mais je crois que tout est pour le mieux ; dans tous les cas, nous pouvons maintenant renoncer à notre entreprise. Un seul homme », ajouta-t-il en regardant Ratcliffe, « a refusé de porter la santé ; nous en parlerons plus tard. »

Alors se levant, il adressa à la compagnie un discours plein de virulentes invectives contre le gouvernement et contre ses mesures, mais particulièrement contre l’Union, traité par lequel, assurait-il,