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Banquet des conspirateurs.

examinait l’ensemble de cette scène avec le sang-froid d’un spectateur attentif mais désintéressé. Mareschal seul, fidèle à son caractère de vivacité et d’étourderie, mangeait et buvait, riait et plaisantait, et paraissait s’amuser de l’embarras de la compagnie.

« Qui donc a pu abattre notre noble courage ? leur dit-il ; on nous croirait à un enterrement, où ceux qui mènent le deuil ne doivent parler qu’à voix basse, tandis que les muets et les vedettes funéraires (en indiquant des yeux l’autre bout de la table) font bombance là-bas. Ellieslaw, quand commencerez-vous à mettre le convoi en marche ? votre esprit sommeille ; qui a pu refroidir les hautes espérances du chevalier de Langley-Dale ?

— Vous parlez comme un fou, dit Ellieslaw ; ne voyez-vous pas combien de membres sont absents ?

— Eh bien, après ? dit Mareschal ; ne saviez-vous pas d’avance qu’une moitié du genre humain parle mieux qu’elle n’agit ? Quant à moi, je me sens beaucoup encouragé en voyant que les deux tiers au moins de nos amis ont été exacts au rendez-vous, quoique je soupçonne fort qu’une moitié est venue pour, au pis aller, s’assurer au moins d’un dîner.

— Nous n’avons point de nouvelles de la côte que l’on puisse regarder comme dormant la certitude de l’arrivée du roi », dit quelqu’un de la compagnie de ce ton équivoque et faible qui indique un manque de résolution.

— Pas un mot de la part du comte de D…, ni d’un seul gentilhomme de la partie méridionale du Bouder, dit un troisième.

— Quel est celui qui désire avoir un plus grand nombre d’hommes, de l’Angleterre ? » s’écria Mareschal avec le ton théâtral d’un héroïsme affecté :

Mon cousin Ellieslaw ? Non, malgré ton soupir,
xxxxSi le destin nous condamne à mourir.