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Le Nain Noir

voulez bien nous témoigner. Mais je dois faire taire, pour quelques moments, les sentiments du père pour me livrer à ceux du patriote. Vous savez que c’est aujourd’hui que nous devons prendre une décision définitive… Le temps presse… Voilà nos amis qui arrivent, et j’ai fait maison ouverte, non-seulement pour la noblesse et la bourgeoisie, mais encore pour les gens de classe inférieure que nous devons nécessairement employer. Nous n’avons que fort peu de temps pour nous préparer à les recevoir : jetez un coup d’œil sur ces listes, Marchie (nom abrégé, sous lequel Mareschal-Wells était connu parmi ses amis), et vous, sir Frédéric, lisez ces lettres que j’ai reçues du Lothian et des cantons de l’Ouest ; tous les blés sont mûrs et n’attendent que la faucille ; il ne reste plus qu’à réunir des moissonneurs.

— De tout mon cœur, dit Mareschal ; plus il y aura de mal, plus nous nous amuserons. »

Sir Frédéric prit un air grave et déconcerté.

« Venez avec moi, mon bon ami », dit Ellieslaw au sombre baronnet ; « j’ai à vous annoncer en particulier quelque chose qui vous fera plaisir, j’en suis sûr. »

Ils entrèrent dans la maison, laissant ensemble Ratcliffe et Mareschal dans la cour.

« Ainsi donc, dit Ratcliffe, ceux qui partagent vos opinions politiques regardent la chute du gouvernement comme tellement certaine, qu’ils dédaignent même de jeter le voile du mystère sur les machinations de leur parti.

— Ma foi, monsieur Ratcliffe, répondit Mareschal, il est possible que les actions et les sentiments de vos amis aient besoin d’être voilés ; moi, j’aime mieux que les nôtres se montrent à découvert.

— Mais se peut-il, continua Ratcliffe, que vous, qui, malgré votre étourderie et l’ardeur de votre caractère… je vous demande pardon, monsieur Mareschal, mais je suis un homme franc… que vous,