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Miss Vère rendue à son père

et que je suis maintenant rendue à la liberté par l’intervention de ce brave gentilhomme.

— Par qui, et à quel dessein cet attentat a-t-il pu être commis ? N’avez-vous aucune connaissance du lieu où vous avez été conduite ? Earnscliff, où avez-vous trouvé miss Vère ? »

Mais avant que l’on pût répondre à l’une ou à l’autre de ces questions, Ellieslaw s’avança, et remettant son épée dans le fourreau, mit fin à la conférence.

« Lorsque je saurai exactement, dit-il, jusqu’où peuvent s’étendre mes obligations envers M. Earnscliff, il peut compter sur une reconnaissance proportionnée de ma part ; en attendant », ajouta-t-il, en prenant la bride du cheval de miss Vère, « je le remercie d’avoir remis ma fille entre les mains de son protecteur naturel. »

Earnscliff répondit, avec une égale hauteur, par une légère inclination de tête ; et Ellieslaw, reprenant avec sa fille le chemin du château, parut engagé avec elle dans une conférence si sérieuse, que le reste de la compagnie jugea qu’il serait inconvenant de les gêner en s’approchant d’eux. Pendant ce temps-là, Earnscliff, en prenant congé des autres personnes qui composaient la troupe d’Ellieslaw, dit à haute voix : « Quoique je sois intimement convaincu qu’il n’y a rien dans ma conduite qui puisse autoriser ce soupçon, je ne puis m’empêcher de remarquer que M. Vère paraît croire que j’ai eu quelque part à la violence atroce qui a été faite à sa fille. Je vous prie, messieurs, de prendre note de la dénégation formelle que je fais d’une accusation aussi déshonorante, et que, bien que je puisse pardonner l’égarement d’un père dans un tel moment, néanmoins, si quelque autre d’entre vous, messieurs (il fixa vivement les yeux sur sir Frédéric Langley), pense que ma parole et celle de miss Vère, avec le témoignage des amis qui m’accompagnent, ne su-