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Le Nain Noir

« Vous avez déjà rompu la trêve, Hobbie, dit le vieux Dick du Dingle, et si nous n’y prenions garde, vous joueriez de nouveaux tours, et non-seulement vos amis seraient accusés d’avoir commis un meurtre contre la foi jurée, mais encore vous vous rendriez la fable de tout le pays. Attendez l’entrevue du Castleton, comme vous en êtes convenu, et s’il ne vous dorme pas une satisfaction, alors vous aurez raison d’en tirer une vengeance sanglante. Mais marchons comme des gens raisonnables, soyons fidèles à notre parole, et je vous réponds que nous retrouverons Grâce, votre bétail et tout ce que vous avez perdu. »

Ce froid raisonnement ne fut pas très-goûté du malheureux amant ; mais comme il ne pouvait obtenir d’assistance de la part de ses voisins et de ses parents qu’en subissant leurs propres conditions, il fut forcé de partager leurs maximes, d’y mettre de la bonne foi, et de procéder d’une manière régulière. Earnscliff pria alors quelques gens de la troupe de se joindre à lui pour accompagner miss Vère chez son père, au château d’Ellieslaw, où elle voulut absolument être conduite. Cette demande fut accueillie avec empressement, et cinq ou six jeunes gens se présentèrent pour lui servir d’escorte.

Hobbie ne fut point du nombre. Le cœur presque déchiré par les événements de la journée et par le désappointement qu’il venait d’éprouver, il s’en retournait tristement chez lui pour prendre les mesures nécessaires à la subsistance et à la protection de sa famille et convenir avec ses voisins des nouvelles démarches à faire pour retrouver Grâce Armstrong. Le reste de la troupe se dispersa de différents côtés, après avoir passé le marais. Le brigand et sa mère les suivirent des yeux du haut de la tour, jusqu’à ce qu’ils eussent entièrement disparu.