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Le Nain Noir

« Ni tenailles, ni marteaux, ne pourront jamais y mordre », dit Hugues, le maréchal ferrant de Ringleburn ; « autant vouloir la battre en ruine avec des tuyaux de pipe. »

En dedans de l’allée par laquelle on entrait, et à la distance de neuf pieds, que formait la solide épaisseur du mur, était une seconde porte en bois de chêne, garnie, dans sa longueur et dans sa largeur, de barres de fer qui se croisaient et qui étaient rivées l’une contre l’autre ; tous les intervalles étaient remplis de clous à large tête. Indépendamment de toutes ces défenses, ils n’ajoutaient pas beaucoup de foi au dire de la vieille, qu’elle composait à elle seule toute la garnison. Les plus rusés de la troupe avaient remarqué des traces de pieds de chevaux dans le sentier par lequel ils étaient parvenus auprès de la tour, ce qui paraissait indiquer que plusieurs personnes étaient récemment passées dans cette direction.

À toutes ces difficultés venait se joindre le manque de moyens pour attaquer la place. Il n’y avait pas d’espoir de se procurer des échelles assez longues pour atteindre la plate-forme ; et les fenêtres, outre qu’elles étaient fort étroites, étaient défendues par des barres de fer. Il ne fallait donc pas songer à escalader, encore moins à miner, faute d’instruments et de poudre. D’un autre côté, les assiégés n’avaient ni vivres, ni moyens d’abri, ni autres objets convenables pour les mettre à même de convertir le siège en blocus, outre qu’ils auraient à courir le risque de se voir attaqués par quelques-uns des camarades du maraudeur, qui viendraient à son secours. Hobbie grinçait les dents en marchant autour de la forteresse, et en voyant qu’il ne pouvait trouver aucun moyen d’y entrer de force. Enfin il s’écria tout à coup : « Et pourquoi ne pas faire comme nos pères ont fait autrefois ? À l’ouvrage, mes enfants ; coupons des buissons et des ronces, empilons-les contre la porte, mettons-y le feu, et enfu-