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La poursuite

sous les ordres d’Ellieslaw, et on résolut de se porter sur-le-champ à la demeure du premier, et s’il était possible, de s’assurer de sa personne. Ils furent en ce moment rejoints par un si grand nombre de leurs amis dispersés, que la troupe se trouva forte de plus de vingt cavaliers bien montés, et passablement, quoique diversement, armés.

Un ruisseau, qui sortait d’un vallon étroit, parmi les collines, entrait à Westburnflat sur un terrain plat, ouvert et marécageux, qui, s’étendant à environ un demi-mille dans tous les sens, donne son nom à cet endroit ; c’est là que le ruisseau change de caractère ; au lieu d’un torrent descendant assez rapidement de la montagne, ce n’est plus qu’une eau stagnante, tel qu’un gros serpent azuré, étendant son corps sinueux sur la plaine marécageuse. Près de la rive du courant, et à peu près au centre de la plaine, s’élevait la tour de Westburnflat, un de ces châteaux forts autrefois si nombreux sur les frontières, et dont il ne reste plus qu’un petit nombre. Le terrain sur lequel elle était construite s’élevait par une pente douce au-dessus du marais, l’espace d’une centaine de verges, formant une esplanade de gazon sec qui s’étendait dans le voisinage immédiat de la tour ; mais au delà, la surface qui se présentait aux étrangers n’était plus qu’un marais impraticable et dangereux. Il n’y avait que le propriétaire et les habitants du château qui connussent les sentiers tortueux et compliqués, qui, pratiqués sur un terrain comparativement ferme, conduisaient à la forteresse ceux qui venaient visiter la famille. Mais parmi les personnes qui s’étaient réunies sous la conduite d’Earnscliff, il y en avait plus d’une qui était en état de servir de guide ; car, quoique le caractère et le genre de vie du propriétaire fussent généralement connus, cependant le relâchement de principes avec lequel on examinait la source de la propriété éloignait l’aversion qu’on n’eût pas manqué d’avoir