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Le Nain Noir

Ces paroles furent prononcées avec l’accent de la plus profonde émotion. Il garda le silence, car le nom de sa fiancée avait apaisé tout autre sentiment haineux ou irritable du pauvre Hobbie. Avant qu’il eût pu adresser de nouveau la parole au solitaire, une main sèche et aux longs doigts tenant un gros sac de cuir, fut passée hors de la petite fenêtre, et comme elle lâchait le fardeau et le laissait tomber avec bruit sur la terre, le Nain dit alors à Elliot d’une voix rude :

« Tiens, voilà le baume qui guérit tous les maux de l’humanité, du moins c’est ainsi que pense chaque misérable mortel. Retourne-t’en deux fois aussi riche que tu l’étais avant-hier, et ne me tourmente plus de questions, de plaintes, ou de remercîments, car tout cela m’est également odieux.

— De par le ciel, tout cela est de l’or ! » dit Hobbie après avoir jeté un coup d’œil sur le contenu du sac. Puis s’adressant de nouveau à l’ermite : « Je vous remercie beaucoup de votre bonne volonté, et je vous donnerais même une obligation pour une partie de cet argent, ou une hypothèque sur les terres de Wide-Open ; mais je ne sais, Elshie ; à vous parler franchement, je n’aimerais pas à faire usage de cet argent à moins de savoir s’il est légalement acquis. Il pourrait arriver que quelques-unes de ces pièces se tournassent en ardoises, et que je fisse tort à quelque pauvre homme.

— Ignorant idiot ! répliqua le Nain ; cette vilaine ordure que je te donne est un poison aussi vrai et aussi naturel que jamais on en ait extrait des entrailles de la terre. Prends-le, fais-en usage, et puisse-t-il prospérer entre tes mains comme entre les miennes !

— Mais je vous dis, reprit Elliot ! que ce n’était pas pour des richesses que je venais vous consulter. J’avais une belle grange, sans doute, et trente têtes de superbe bétail, comme on n’en voit pas de pareil