tionnés dans tous les vices de l’Orient. Il y en avait encore qui, ayant dissipé leur patrimoine, avaient le caractère aigri, et dont les seules espérances reposaient sur le butin d’une révolte.
À ces causes de détresse et d’appréhensions publiques, il faut ajouter cette multitude d’outlaws qui, poussés au désespoir par l’oppression de la noblesse féodale et la sévérité des lois frontières, s’étaient réunis en bandes nombreuses, occupaient les forêts et les landes, et défiaient les lois et ceux qui s’étaient chargés de les appliquer.
Les nobles eux-mêmes, fortifiés dans leurs châteaux, faisaient les petits souverains dans leurs domaines, et se mettaient à la tête d’autres bandes presque aussi illégales et aussi oppressives que celles des spoliateurs avoués.
Pour entretenir ces troupes, ainsi que le luxe extravagant que leur orgueil les portait à déployer, ces seigneurs empruntaient des sommes d’argent aux juifs à grande usure, ce qui rongeait leurs propriétés comme des cancers qui restaient incurables, jusqu’à ce que l’occasion se présentât de s’en délivrer en exerçant sur leurs créanciers des actes de violence inexcusables.
Sous les divers fardeaux résultant de ce malheureux état de choses, le peuple d’Angleterre souffrait beaucoup dans le temps présent, et redoutait dans l’avenir des souffrances encore plus terribles. Pour surcroît de misères, une maladie épidémique, d’une nature dangereuse, s’était répandue dans le pays, et, rendue plus virulente par la malpropreté, par la mauvaise nourriture et par le misérable logement des basses classes, enlevait un grand nombre d’habitants, dont le sort était envié par les survivants, à cause des maux auxquels ils restaient eux-mêmes exposés.
Cependant, au milieu de ces détresses accumulées, les pauvres aussi bien que les riches, la roture aussi bien que la noblesse, à la veille d’un tournoi, ce qui était un des grands spectacles de ce siècle, éprouvèrent le même intérêt qu’un citoyen de Madrid, à demi mort de faim et à qui