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— Grand merci de ton avis ! dit le pèlerin en souriant ; je profiterai de ta courtoisie, et j’aurai bien du malheur si je ne te fais pas compensation.

Ils se séparèrent et prirent chacun une route différente pour entrer dans la ville de Sheffield.

VII

La condition de la nation anglaise était, à cette époque, assez misérable. Le roi Richard était absent et prisonnier, au pouvoir du perfide et cruel duc d’Autriche. Le lieu même de sa captivité était ignoré, et son sort n’était connu qu’imparfaitement de la plupart de ses sujets, qui, pendant ce temps, étaient livrés à toute espèce d’oppresseurs subalternes.

Le prince Jean, ligué avec le roi de France, le mortel ennemi de Richard Cœur-de-Lion, mettait en usage toute son influence auprès du duc d’Autriche pour prolonger la captivité de son frère Richard, à qui il était redevable de tant de faveurs.

Il fortifiait en même temps son parti dans le royaume, dont il se proposait de disputer la succession, si le roi venait à mourir, à l’héritier légitime, Arthur, duc de Bretagne, fils de Geoffroy Plantagenet, frère cadet de Richard, mais l’aîné de Jean.

On sait qu’il effectua depuis cette usurpation. Son caractère léger, libertin et perfide, attacha facilement à sa faction, non-seulement ceux qui avaient quelque chose à redouter du ressentiment de Richard pour des menées criminelles pendant son absence, mais encore la classe nombreuse de ces hommes pervers et résolus que les croisades allaient rejeter dans le pays, et qui s’étaient perfec-