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fatigues et les visites que vous avez faites aux saints autels.

Le pèlerin reçut cette offrande avec un nouveau salut et sortit en suivant Elgitha.

Il trouva dans l’antichambre le serviteur Anwold, qui, après avoir pris la torche des mains de la jeune fille, le conduisit avec plus d’empressement que de cérémonie dans une partie écartée et peu commode du manoir, où un grand nombre de petites chambres ou cellules servaient de dortoir aux domestiques de bas étage et aux étrangers de la dernière classe.

— Dans laquelle de ces chambres couche le juif ? demanda le pèlerin.

— Ce chien de mécréant, répondit Anwold, niche dans la cellule à côté de Votre Sainteté. Par saint Dunstan ! comme il faudra la gratter et la nettoyer pour qu’elle puisse servir à un chrétien !

— Et où couche le porcher Gurth ? demanda l’étranger.

— Gurth, répliqua le serf, dort dans la cellule à votre droite, comme le juif dans celle à votre gauche ; vous servez de séparation entre l’enfant circoncis et l’objet de l’abomination de sa tribu… Vous auriez pu occuper une chambre plus honorable, si vous aviez accepté l’invitation d’Oswald.

— C’est bien ainsi, dit le pèlerin ; la société même d’un juif ne saurait être contagieuse à travers une cloison de chêne.

En parlant ainsi, il entra dans la cellule qui lui était désignée, et, prenant la torche aux mains du domestique, il le remercia et lui souhaita le bonsoir.

Ayant refermé la porte de sa cellule, il plaça la torche dans un chandelier de bois et examina sa chambre à coucher, dont l’ameublement était de la plus simple espèce. Il se composait d’un grossier tabouret de bois et d’un lit encore plus mesquin, rempli de paille propre, sur laquelle on avait posé deux ou trois peaux de mouton en guise de couverture.