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Une porte latérale, à l’extrémité de la salle, s’ouvrit alors derrière la table, et Rowena, accompagnée de quatre suivantes, entra dans l’appartement.

Cédric, bien qu’étonné, et peut-être d’une manière assez peu agréable, en voyant sa pupille se montrer en public en cette circonstance, s’empressa d’aller au-devant d’elle, de la conduire avec un respect cérémonieux au siège élevé placé à sa droite et destiné à la maîtresse de la maison.

Tout le monde se leva pour la recevoir, et, répondant à la courtoisie des convives par un salut muet, lady Rowena s’avança avec grâce pour occuper sa place à table.

Mais, avant qu’elle en eût eu le temps, Bois-Guilbert dit au prieur :

— Je ne porterai pas votre collier d’or au tournoi. Le vin de Chio est à vous.

— Ne l’avais-je pas dit ? répondit le prieur. Mais modérez votre admiration, le franklin vous observe.

Sans faire attention à cet avertissement, et habitué à ne suivre que l’impulsion immédiate de ses désirs, Brian de Bois-Guilbert tint ses yeux fixés sur la beauté saxonne, qui frappait surtout son imagination par la différence qu’elle offrait avec celle des sultanes orientales.

Douée des plus belles proportions de son sexe, Rowena était grande, sans cependant l’être assez pour attirer une observation sur sa haute taille ; son teint était d’une blancheur exquise ; mais le moule splendide dans lequel avait été jeté sa tête et ses traits, bannissait jusqu’à l’idée même de cette fadeur qui, quelquefois, s’attache aux femmes blondes ; son œil bleu et clair, qui brillait sous un sourcil brun d’une courbe charmante, assez marqué pour prêter de la noblesse au front, semblait à la fois avoir la faculté de faire naître l’admiration et l’amour et avoir reçu le double privilège de commander et d’implorer.

Si la douceur formait le caractère distinctif de ses traits, il était évident qu’en cette occasion l’exercice d’une autorité continuelle et l’habitude des hommages avaient donné